Madame LAHBIB, exprime des engagements et, actions très attendus de notre part pendant la présidence Belge du Conseil de l’Union Européenne. Les membres du groupe Racine et dignité la remercie avec une grande gratitude.
Cependant, en parcourant attentivement cette correspondance, une faute très grave nous a interpellés, Il n’y a aucune mention de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, incarnant le socle juridique de L’Union Européenne. Les Etats-Membres de l’Union Européenne doivent respecter intégralement la Convention International des Droits des Enfants et non la Convention La Haye
Cette absence suscite chez nous une grande inquiétude et soulève des questions quant à la clarté de l’engagement politique.
Réalisé par le cinéaste Belge d M. Daniel Lambo, ce documentaire a été présenté en avant-première le 21 mars 2024 à Docville, dans le cadre du festival international du documentaire à Louvain. Des membres de notre collectif Racines&dignité ont assisté à cette projection suivie d’un débat, qui a réuni de nombreux spectateurs comprenant des adoptés issus de divers horizons.
Pendant 70 minutes, le cinéaste nous transporte en Inde, au Rwanda, en Colombie, en Roumanie et au Congo, mettant en lumière les rouages du système de l’adoption internationale, son influence sur la politique nationale et européenne, ainsi que des histoires poignantes de vies brisées, d’intimidations et de menaces permanentes.
Au fur et à mesure le cinéaste démontre la complexité et l’impitoyable du système d’adoption avec des conséquences graves pour les adoptés, leurs familles, ainsi que pour des figures telles que Mme Roelie Post, fonctionnaire de la Commission Européenne et lanceur d’alerte, M. Dieu Merci Kitambo, Coordonnateur National dans la Dynamique de lutte Contre le Trafic Humain au Congo, et M. Kurt Wertelaers, journaliste d’investigation Belge, qui dénoncent depuis des années ces pratiques illicites.
Photo @Daniellambo Les protagonistes : RaniT’Kindt, Kurt Wertelaers, Miranda Ntirandekura, Marcia Enge, et Roelie Post
Le documentaire se concentre sur notre site internet et sur le fait que le procureur belge ouvre une enquête fédérale à propos des adoptions en provenance de Roumanie.
Ce qui est intéressant c’est que Daniel Lambo présente le jeu du puissant du lobby. M. Jean-Marie Cavada (ADLE, France), Mme Claire Gibault (ADLE, France),Mme Maud de Boer-Buquicchio, (Secrétaire Générale adjointe du Conseil de l’Europe) invitent les journalistes à une conférence de presse au Parlement Européen à Strasbourg le 19 février 2008 pour présenter une initiative sur une politique européenne d’adoption internationale. A cette conférence M. Jean-Marie Cavada ne semble pas être présent et c’est M. François de Combret un riche banquier ayant travaillé à Lazard, influenceur des Institutions Européennes et des politiques (vice-président de Care France et Fondateur de l’association Sera) qui prendra la parole. Tous plaident en faveur d’une création de procédure d’adoption commune à tous les États membres de l’UE en accord avec un récent rapport sur les droits de l’enfant. Cette initiative vise à encourager l’adoption internationale dans les cas où il n’existe pas de solution nationale. Plusieurs députés européens, ainsi que le Secrétaire Général adjoint du Conseil de l’Europe, ont conjointement rédigé une déclaration adressée aux ministres européens chargés des affaires familiales en ce sens.
Conférence de presse Strasbourg Parlement Européen le 9 février 2008 – Vers une procédure européenne d’adoption-M. François de Combret-Mme Claire Gibaut-Mme Maud de Boer-Buquicchio
Il est nécessaire de rappeler que ce même lobby en juin 2006 a organisé une réunion au Parlement Européen pour exprimer leur opposition à l’interdiction de l’adoption internationale en Roumanie. Ils ont critiqué cette politique en soulignant le nombre élevé d’enfants abandonnés en Roumanie chaque année et en arguant que l’adoption internationale offrait la seule chance pour ces enfants de trouver une famille aimante. Des représentants d’organisations humanitaires ont également exprimé leur soutien à cette position, soulignant que malgré les progrès réalisés en Roumanie, les abandons d’enfants continuaient et que l’adoption internationale devait être rétablie pour le bien-être de ces enfants.
Par la suite, après l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, les institutions de l’UE ont commencé à promouvoir une politique pro-adoption internationale, exhortant le gouvernement roumain à lever l’interdiction de l’adoption internationale. Une fédération d’association de parents adoptifs français (EFA : Enfance Famille d’Adoption) avait déclaré sur leur blog : « Une Europe qui encourage les mouvements des biens et des personnes pour des raisons essentiellement économiques mais qui accepterait que puissent être interdits de circulation des enfants pour leur propre bonheur ne sera jamais une Europe telle que la rêvaient ses fondateurs ». (Rapport Mme LE ROY » Traite et disparitions des enfants roumains »-Sept 2022 )
M. Jean-marie Cavada poursuit des actions dans l’intérêt des familles adoptives puisque nous assistons dans ce film à son discours du 2 février 2017, au sujet du rapport sur les adoptions transfrontalières. Il déclare ouvertement : « L’UE a réussi à réguler la libre circulation des marchandises, des capitaux, des hommes et des femmes, mais pas celle des enfants adoptés. Nous sommes sur la bonne voie pour faciliter la vie des familles adoptives… ».
De nombreux spectateurs ont été choqués par ses propos hors du commun.
Discours en plénière sur l’adoption transfrontalière -2017
Enfin, le cinéaste expose un autre scandale qui a éclaté en 2015sur la fraude d’enfants Congolais en Belgique. Les parents et des défenseurs de lutte contre le trafic d’enfants au Congo témoignent de l’organisation du kidnapping des enfants. Ce qui est déplorable c’est cette organisation en réseau qui utilisent toujours les mêmes pratiques depuis des décennies envers les familles pauvres, isolées ou vulnérables et qui n’abandonnent pas leurs enfants. Ce réseau tient ce discours « on va offrir un avenir meilleur à votre enfant, il aura une bonne éducation, il sera soigné, bien nourri, il aura un beau métier et il viendra vous aider par la suite ». Personne n’informe ces familles de la réalité de la rupture définitive, juridique de lien de parenté, c’est-à-dire de l’adoption plénière, l’enfant n’existe plus pour sa famille et son pays.
Ce qui est plus alarmant c’est le témoignage de l’avocat des familles adoptives Maitre Georges Henri Beauthier qui énonce clairement : « tout le monde savait, les ministères des affaires étrangères et de la justice belge que les enfants étaient volés ».
A la fin nous apprendrons également que le procès des enfants du Congo en Belgique est en pause car la principale trafiquante Mme Mpemba est introuvable.
Pour conclure, ce documentaire montre les réels effets pervers du système de l’adoption et des répercussions dénoncées depuis des années. Cependant avec tous les scandales de trafics illicites d’enfants et au niveau international qui éclatent depuis des années, les victimes s’organisent de façon différentes puisqu’elles demandent des enquêtes judiciaires et que l’impunité cesse des acteurs de ce crime organisé.
Nous espérons que ce film fasse le tour de monde et qu’il soit rendu public dans les chaînes télévisées, que nos politiques, chefs d’états, institutions politiques se saisissent de ces graves problèmes pour soutenir les victimes car il y a urgence. Et surtout que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant soit respectée et que les états se dé-ratifient de la Convention la Haye 93 qui ne va pas dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
Ce mercredi 12 mars les membres du Groupe Racines&Dignité apprennent via les médias : « le rapport de mission d’inspection interministérielle (Affaires étrangères, Justice et Enfance), chargée en novembre 2022 de faire la lumière sur les pratiques illicites dans l’adoption internationale, est remis ce jour au gouvernement français, en présence de certaines associations. Un moment de vérité très attendu par les treize associations d’adoptés à l’international (Sri Lanka, Corée, Mali, Rwanda…)……..https://fr.news.yahoo.com/papiers-falsifi%C3%A9s-enfants-vol%C3%A9s-achet%C3%A9s-155543221.html
Des membres de notre groupe ont été entendus par deux inspectrices de cette commission le 10 février 2023. Suite à cela nous avons adressé un courrier à cette commission interministérielle avec un rapport et des demandes très précises. https://racines-dignite.org/les-victimes-nees-en-roumanie-ont-exprime-des-demandes-a-lenquete-interministerielle/
Aucun membre n’est invité pour cette remise des conclusions au gouvernement alors que nous avons été auditionnés.Pourquoi ?
Cependant une lettre ouverte a été adressée ce 11 février à Monsieur Séjourné Ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères. Notre objectif est de mettre en lumière un conflit d’intérêts préoccupant au sein de la Mission de l’Adoption Internationale (MAI), qui, selon nous, nécessite une attention urgente. Ce courrier est également entre les mains de la justice.
Ce courrier met en avant que depuis 2002, la MAI collabore avec l’association Enfance Familles et Adoption (EFA) pour faciliter l’adoption internationale dans 23 pays, y compris en Roumanie et en Moldavie. Nous nous inquiétons de cette relation étroite car l’EFA, faisant partie d’un lobby influent de l’adoption, agissant comme intermédiaire pour connecter les familles adoptantes avec des avocats dans les pays d’origines des enfants. À travers notre expérience collective et nos recherches, nous avons découvert de nombreuses irrégularités et pratiques douteuses liées à ces adoptions, ce qui soulève des questions sérieuses sur l’éthique de ce processus.
Nous avons également pris l’initiative de rédiger un rapport détaillant la traite et la disparition d’enfants roumains, et avons fait parvenir ce document à divers responsables politiques et institutions à travers l’Europe. Malgré ces efforts, et la réalisation d’une étude historique sur les adoptions illicites financée par le ministère en 2021, l’accès public aux documents et archives pertinents reste limité puisque des archives sont inaccessibles pour 50ans avant la venue d’un des membre, ce qui nous empêche de comprendre pleinement l’ampleur de ces pratiques.
Notre lettre exprime notre indignation face à ces barrières et l’absence de transparence des autorités. Nous demandons des actions correctives pour mettre fin à ces conflits d’intérêts et garantir la protection des droits et du bien-être des victimes de traites illicites.
Nous croyons fermement que la justice et la transparence sont essentielles pour lutter contre l’impunité et soutenir les victimes de ces pratiques illicites.
Nous n’avons toujours pas reçu de réponse du cabinet ministériel à ce jour.
C’est officiel : La Belgique ouvre une enquête fédérale judiciaire sur le trafic illicite des enfants roumains dans l’adoption internationale.
Il y a deux ans, Marion LE ROY porte-parole du groupe Racines et Dignité s’était rendue dans les bureaux de la police de Bruxelles pour déposer le dossier sur la traite et disparition des enfants roumains en demandant l’ouverture d’une enquête judiciaire.
A l’époque Marion était accompagnée par Madame Roelie Post lanceuse d’alerte qui a elle-même déposé plainte à plusieurs reprises depuis 2004. La police nous avait conseillé d’identifier les victimes. Depuis lors, quelques victimes ont été identifiées et certaines d’entre elles ont porté plainte auprès du Procureur du Roi de Belgique. Récemment, le Procureur du Roi nous a informé officiellement qu’il faisait ouvrir un dossier pour investiguer.
A ce jours, deux pays, la France et la Belgique ont ouvert des enquêtes judicaires concernant le trafic des enfants pour la migration illicite. Des victimes ont été auditionnées par l’OLTIM en France (office de lutte contre le trafic illicite de migrants).
Nous attendons avec impatience les résultats de ces enquêtes.
Au cœur de la présidence européenne assumée par la Belgique, un événement marquant a eu lieu ce mercredi 31 janvier : des membres ont été reçues au ministère des Affaires étrangères.
Les objectifs de cet entretien a été de porter une réflexion urgente sur la mise en place d’une unité spécifique qui soit présente dans chaque pays Européens afin de traiter la question du trafic illicite d’enfants migrants roumains et stopper les acteurs ayant participé à ce vaste problème transfrontalier. Cela fait 30 ans que le dossier des enfants roumains et les dérives de la Convention La Haye 93 sont connus.
Il nous paraît primordiale que l’Union Européenne prenne une position ferme afin que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant soit scrupuleusement respectée en tant qu’acquis communautaire. Les états ne peuvent plus ratifier la Convention de la Haye (1993) qui change l’interprétation de l’article 21b.
Après près de 2H30 d’échanges et évoqué la situation des victimes, nous avons demandé que le sujet du trafic illicite d’enfants migrants roumains soit porté à l’ordre du jour du prochain conseil des chefs d’états de l’Union Européenne. Suite à cette réunion, un courrier a été adressé à Madame Lahbib, Ministre Belge des Affaires Etrangères et des Affaires Européennes, dans l’espoir que des actions urgentes soient mises en place pendant la Présidence Européenne de la Belgique.