La Famille Adoptive Française (1946-2025) : Soupçons de trafic d’enfants, abus de la rue du Bac et enfants roumains.

La FAF, qui a servi d’intermédiaire pour 8 500 adoptions en France et à l’étranger depuis sa création, a annoncé sa fermeture en 2025 via un message discret publié sur son site internet le 24 janvier. Selon Libération, ce message, signé par le président Damien O’Neill, indique que l’année 2025 sera « très particulière » pour la FAF et les Nids de Paris, et que l’organisme est « contraint de mettre un terme à cette magnifique aventure ». Cette annonce est restée largement inaperçue dans les médias, hormis la couverture de Libération dans son article du 21 février 2025.

https://www.liberation.fr/societe/familles/lorganisme-la-famille-adoptive-francaise-soupconne-de-trafic-denfants-dans-les-annees-1960-annonce-sa-fermeture-20250221_KENJRHQ7E5FXJJPUB7OXQM6SSM

Souvenez vous «Libération» a publié une enquête en juin 2024 sur plusieurs intellectuels français, mis en cause pour des crimes sexuels. Parmi les hommes impliqués, on retrouve de grands patrons de presse, un avocat François Gibault et l’écrivain Gabriel Matzneff.

https://www.liberation.fr/societe/police-justice/les-hommes-de-la-rue-du-bac-16-comment-une-bande-pedocriminelle-a-sevi-pendant-des-annees-au-coeur-de-paris-20240613_X4JG5UTH7RFWVDA7WM5PLBJHGU

La FAF et l’affaire de la rue du Bac, bien que séparées dans leurs faits, sont liées par un contexte systémique : les failles dans les processus d’adoption (illustrées par les pratiques de la FAF) et l’impunité dans certains milieux influents (illustrée par les abus de la rue du Bac) ont créé un environnement où des enfants vulnérables pouvaient être exploités. Inès Chatin, adoptée en 1974 dans des conditions douteuses, et victime de crimes sexuels dénonce un lien possible entre son adoption irrégulière et les abus subis.

Lien avec le fax de François de Combret (1990)

Le fax (archives diplomatiques) envoyé par M. François de Combret de la maison de la banque Lazard &compagnie le 19 novembre 1990 à M. Renaud Vignal (ambassadeur à bucarest), mentionnant M.Petre Roman, alors Premier ministre roumain, éclaire le rôle historique de la FAF dans les adoptions internationales. M. de Combret, qui venait de fonder l’Ong SERA (avec M. Claude Griscelli et M.François Delafosse) pour aider les orphelins roumains, proposait d’impliquer la FAF pour « trier » les enfants à adopter, dans un contexte où les orphelinats roumains, médiatisés après 1989, suscitaient une forte demande. Les émissions de TF1 évoquées dans le fax visaient probablement à sensibiliser le public français, mais aussi à stimuler cette demande.

Ce projet intervient après les irrégularités documentées dans les années 1960-1970, et les soupçons de trafic d’enfants roumains dans les années 1990 (10 000 enfants « exportés » en 1992, selon des rapports) montrent que ces initiatives, bien qu’humanitaires en apparence, ont souvent conduit à des abus.

La fermeture discrète de la FAF en 2025 pourrait refléter une volonté d’étouffer ces controverses, y compris celles liées à des projets comme celui de M. de Combret qui impliquaient l’organisme dans des adoptions internationales potentiellement opaques.

Crise de l’adoption en Roumanie : réponses d’Enfance et Familles d’Adoption et du Service Social International en 1982

Nous avons entre les mains ainsi que le parquet de Paris un document traitant des difficultés de l’adoption en Roumanie en 1982, porté par « Enfance et Familles d’Adoption » (EFA).

La place du jeu de lobby au niveau des médias télévisées est très significatif. En effet, le 23 mars 1982, l’ancien animateur Pierre Bellemare contacte l’association EFA pour une émission sur TF1 afin d’obtenir des adresses de candidats à l’adoption en Roumanie, mais face au refus et négociation de l’association, le sujet est réorienté vers l’adoption internationale. C’est Mr Marc Grivel, président de l’association qui s’exprimera en soulignant l’impossibilité d’adopter en Roumanie à cette époque et le problème des enfants séparés de leur famille.

Ce document met en lumière :

  • l’adoption en Roumanie est devenue très compliquée, voire impossible depuis 1982. 
  • le nombres conséquent de dossiers d’adoption en constitution et attente.  Mr Christian Godde* secrétaire général d’EFA rencontra fin mars des officiels du Ministère des Relations Extérieures pour évoquer les 464 dossiers en cours (150 au Conseil d’État, 350 en constitution) tout en précisant que « les enfants, souvent âgés ou en mauvaise santé, attendent parfois depuis un an et demi, affectant leur comportement. Une action humanitaire est proposée, sans marchandage, priorisant les cas urgents et limitant les nouveaux départs« 
  • et leur coopération avec le consulat de France à Bucarest et le collège des avocats roumains.

Enfin, le ministère exclut une intervention globale, favorisant une aide cas par cas, et insiste sur des mises en garde (D.D.A.S.S., consulat, ambassade) pour stopper les candidatures. EFA prévoit de collecter des données pour des actions ponctuelles. Le sujet sera discuté au Conseil Supérieur de l’Adoption en mai 1982, où siège Mademoiselle Larchevêque du Service Social International (SSI), aux côtés de Mme Dufoix, M. Regnault, et M. Grivel. Le SSI, impliqué dans l’adoption internationale, pourrait jouer un rôle dans l’évaluation des besoins et la coordination des efforts humanitaires. EFA encourage les familles à adhérer pour un suivi.


Le Service social International (SSI) est mentionné comme partie prenante au Conseil Supérieur de l’Adoption, instance clé pour aborder les problématiques soulevées. Historiquement, le SSI (créé en 1924) aide à protéger les enfants dans des contextes transnationaux, notamment via des conseils sur les adoptions internationales. En 1982, son expertise aurait pu soutenir EFA en fournissant des données sur les enfants roumains ou en facilitant des solutions conformes aux normes internationales, bien que le document ne détaille pas son action précise ici.

Pour rappel : Le SSI est une influence américaine qui s’est installée en France et a littéralement construit un système pour légaliser le trafic d’enfants dès la 2nde guerre mondiale. De plus SSI a poussé à la mise en place la Convention de La Haye de 1993 (droit privé) sur l’adoption et les lignes directrices sur la protection de remplacement. SSI a poussé les états pour qu’ils ratifient cette convention. 

Aucun pays de l’Union Européenne ne devrait exporter d’enfants. C’est contre la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant qui est le socle juridique des États membres de l’UE.  

*Mr Godde est co-fondateur avec sa femme Mme Brigitte godde de l’OAA Enfance et Avenir

Omerta sur les scandales des trafics d’enfants roumains dans l’adoption internationale : une enquête sur Arte

« Derrière les pressions, il y a un marché horrible et gigantesque dicté par l’argent. Dans nos sociétés modernes, lorsqu’une personne fait un achat, elle exige le meilleur, la meilleure qualité, le modèle parfait. C’est malheureusement similaire pour les enfants. » C’est ainsi que Mme Emma Nicholson, ancienne rapporteure du Parlement européen pour la Roumanie (2000-2004), décrivait les dérives du marché de l’adoption internationale dans le documentaire « Adoption : les dessous d’un trafic » de Hubert Dubois en 2004.(1) Elle a été de suite remplacée par M. Pierre Moscovici.

Le mardi 12 novembre 2024, Arte diffusera le documentaire intitulé « Adoption, un scandale planétaire ». Derrière ce titre sensationnaliste, probablement influencé par les lobbies pro-adoption, l’objectif semble être de masquer les véritables enjeux, en exposant uniquement une partie visible de l’iceberg. Les manœuvres des acteurs du lobby de l’adoption continuent de manipuler l’opinion publique, sous couvert d’un changement de ton.

Les scandales de l’adoption sont pourtant dénoncés depuis plus de deux décennies, notamment par les adoptés eux-mêmes, victimes de trafics illicites, comme Tinan Le Roy (2) Le documentaire de 92 minutes donne la parole à des adoptés exprimant leur colère face aux mensonges découverts, tout en présentant des actions menées dans divers pays, notamment au Chili, en Corée du Sud et au Sri Lanka. Les deux réalisatrices ont invité des adoptés, des familles adoptives (qui disent qu’elles étaient ignorantes de la nature frauduleuse des adoptions, même si elles ont donné beaucoup d’argent), des historiens, des responsables politiques, ainsi que des membres du lobby de l’adoption – présents dans les génériques pro-Conventions de La Haye – et Olivier de Frouville, président du Comité des disparitions forcées des Nations Unies. Il évoque la déclaration du 29 septembre 2022, qui reconnaît que les adoptions internationales illégales peuvent, dans certaines circonstances, constituer des crimes contre l’humanité et offrir aux victimes un droit à la vérité, à la justice et à la réparation.

Néanmoins, notre collectif Racines et Dignité déplore l’omerta persistante autour des trafics d’enfants roumains, un sujet bien connu depuis les années 1990, mais évoqué de manière superficielle dans le documentaire, avec seulement quelques secondes d’attention. Depuis 2022, des victimes nées en Roumanie, arrivées avec des visas médicaux temporaires et parfois mutilées, ont déclenché des enquêtes judiciaires en France et en Belgique.

Plus révoltant encore, le documentaire semble faire la promotion de la Convention de La Haye de 1993, au détriment de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CIDE), qui reste pourtant la base juridique primordiale et universel. Cette distorsion, renforcée par l’interview de Hans Van Loon, acteur clé de la mise en œuvre de la Convention de La Haye. Tout semble orchestré pour affaiblir les protections offertes par la CIDE.

Pour rappelle après plusieurs visites en Roumanie, le 5 Avril 1991, un groupe de 5 experts sur l’initiative l’ISS (International Service Social)  et Defence for Children International publie un nouveau rapport intitulé « L’adoption des enfants roumains par des étrangers » M. Nigel Cantwel et M. Hans Van Loon étaient au centre de ce rapport qui a servi à la création de la Convention de La Haye du 29 mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale.(3)

Ce groupe d’experts, propose un plan d’action avec une proposition de loi pour contrer l’article 21 b de la CIDE notamment que l’adoption doit redevenir un acte de protection de l’enfance. 

Lors d’une interview de Diana Kunz (Avocate, mère adoptive américaine-lobbyste)  dans un podcast du 13 mai 2024 sur MATTER (4) précise clairement que l’adoption internationale selon la CIDE n’est autorisée qu’en dernier recours si l’enfant ne peut pas être pris en charge de manière approprié dans son pays d’origine, son pays de naissance (article 21B). Pour contrer ce traité, la Convention la Haye a été rédigée pour faciliter l’adoption internationale (5).

Il convient de rappeler que, selon cette convention, l’adoption internationale ne doit être envisagée qu’en dernier recours, lorsque toutes les options dans le pays d’origine de l’enfant ont été épuisées (article 21b).

Le contournement de la CIDE socle juridique et universel est un véritable crime contre l’humanité.

Le rapport Gouzes, « Pour une éthique de l’adoption internationale », publié en novembre 2001 (6), mettait déjà en lumière l’existence d’un marché d’enfants, encouragé par un système d’adoption internationale délégué au secteur privé, sans réel contrôle par les autorités roumaines. Si évoquer les scandales est crucial, il serait tout aussi nécessaire de reconnaître ce qui fonctionnait et a été détruit par des lobbies influents.

Dans le cadre de son adhésion à l’Union européenne le 1er janvier 2007, la Roumanie avait instauré un moratoire, en juin 2001, sur les adoptions internationales, face aux trafics d’orphelins apparus après 1990. Il est indigne qu’une chaîne télévisée franco-allemande ignore les efforts entrepris par la Commission et le Parlement européens depuis les années 1990 pour soutenir la protection de l’enfance en Roumanie. Les pressions ont été tellement extrêmes que les positions de la Commission Européenne et du Parlement Européen ont fortement changé.

Plus scandaleux encore est le silence autour des progrès accomplis par la Roumanie dans ce domaine, avant leur détérioration due aux pressions des lobbies favorables à l’adoption internationale.

  1. Dessous d´un trafic hubert du bois – YouTubehttps://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Temoignages-2014-01-14-1089220
  2. https://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Temoignages-2014-01-14-1089220
  3. Rapport « Traite et disparition des enfants roumains » Marion Le Roy-Septembre 2022
  4. https://adoptionlawny.com/about-us/diana-kunz/
  5. https://adoptionlawny.com/about-us/diana-kunz/
  6. https://www.vie-publique.fr/rapport/24693-pour-une-ethique-de-ladoption-internationale
  7. https://www.youtube.com/watch?v=qlHYpgPZZXQ

Pressions, corruption du lobby d’adoption en Roumanie : les dessous d’un trafic

Le documentaire « Adoption : les dessous d’un trafic » sorti le 12 septembre 2004 du journaliste d’investigation français Hubert Dubois met en lumière la corruption et les fortes pressions exercées par des lobbies pour rouvrir les adoptions internationales en Roumanie.

Entre 1990 et 2001,  la Roumanie a largement eu recours à l’adoption internationale, voyant des milliers d’enfants partir à l’étranger dans des conditions souvent précipitées, marquées par des abus et des trafics. En juin 2001, le Comité Roumain pour les Adoptions (CRA) a suspendu l’enregistrement des nouvelles demandes d’adoption internationale de familles étrangères pour une durée minimale d’un an.

La Roumanie prend alors la décision de mettre un terme aux adoptions internationales en lançant des programmes axés sur la protection de l’enfance. Le pays dénonce un système qui a permis à l’adoption internationale de devenir un marché lucratif de l’enfance, justifiant ainsi le moratoire de 2001. C’est le point de départ d’une réforme législative visant à protéger les enfants en difficulté. La nouvelle loi prévoyait de stopper les adoptions internationales en gelant les dossiers en cours, concernant notamment des familles de France, des États-Unis, d’Italie et d’Israël. Le message de l’État roumain était sans équivoque : « aucune nouvelle demande ne serait acceptée« . Parallèlement, le gouvernement a développé des solutions pour garantir la protection de ses enfants.

Extrait « Adoption : les dessous d’un trafic » – film de Hubert Dubois – Galaxie Production/OFRT 2004

Les institutions ont été transformées en lieux de vie et, grâce à une volonté politique affirmée, les enfants quittant les centres de placement ont été placés dans des familles d’accueil, certaines d’entre elles exprimant leur souhait d’adopter ces enfants. L’objectif était de remplacer l’adoption internationale par l’adoption nationale.

En mars 2004, Gabriela Coman Secrétaire d’état de la protection de l’enfance a présenté son projet de loi devant le Sénat, alors que la Roumanie, candidate à l’Union Européenne, cherchait à se conformer aux normes européennes. Des délégations de parlementaires étrangers se sont succédées à Bucarest pour faire pression sur leurs homologues roumains, certains sénateurs restant indécis.

Les pressions allaient jusqu’à inclure des enjeux politiques, comme l’adhésion de la Roumanie à l’OTAN, officialisée en avril 2004. Le Congrès américain, par exemple, avait exigé la levée du moratoire comme condition préalable aux négociations. Finalement, une cinquantaine d’enfants ont pu partir à l’étranger.

Madame Nicholson, députée au Parlement européen, est apparue comme la principale alliée de Gabriela Coman sur la scène internationale, face à un marché influencé par des intérêts financiers et politiques. L’ambassade des États-Unis à Bucarest, ainsi que les familles adoptives venues présenter leurs enfants roumains adoptés, ont poursuivi leur lobbying.

La semaine décisive est arrivée : la loi a été présentée et acceptée par le Parlement roumain en mai 2004, interdisant l’adoption d’enfants roumains par des familles non roumaines. Néanmoins, les lobbies avaient pour objectif de modifier cette loi après les élections présidentielles.

Lien du documentaire entier :

Ce documentaire aborde également les enjeux complexes de l’adoption internationale, en mettant particulièrement l’accent sur les pratiques douteuses observées au Pérou, Guatemala et à Madagascar.

Le cynisme de Jean-Marie Cavada qui considère l’enfant comme un « bien » devant être libre de circulation

Discours du 2 février 2017

Jean Marie Cavada soutient un rapport sur la reconnaissance automatique des adoptions dans l’UE, soulignant l’importance du bien-être de l’enfant et la contradiction résolue par rapport à la libre circulation des biens et des personnes.

Jean Marie Cavada exprime son soutien au rapport sur la reconnaissance automatique des adoptions dans l’Union Européenne.

00:00

Introduction et remerciements aux intervenants.

Cavada souligne la qualité du travail effectué par le rapporteur.

Il soutient pleinement le rapport visant à faciliter les adoptions au sein de l’Union Européenne.

Jean-Marie Cavada aborde les défis de l’adoption au sein de l’Union Européenne, soulignant l’importance de garantir le bien-être des enfants adoptés.

00:29

Les parents adoptifs font face à des difficultés au sein de l’Union Européenne.

L’Union Européenne a réussi à résoudre la libre circulation des biens et des capitaux, mais pas celle des enfants adoptés.

Cavada exprime son soutien pour les mesures visant à améliorer la situation des enfants adoptés.

Il souligne que le rapport prend en compte le bien-être supérieur de l’enfant.

Pour bien comprendre

Traiter les enfants comme des « marchandises » qui peuvent circuler librement au sein de l’UE pour l’adoption consiste en fait à réduire ces êtres vulnérables à de simples objets d’échange. Cela va évidement à l’encontre du principe fondamental selon lequel l’intérêt supérieur de l’enfant doit toujours primer.

Contournement des lois nationales

Permettre la libre circulation des enfants pour l’adoption a été le moyen de contourner les lois nationales plus strictes en matière d’adoption dans certains pays. Cela soulève des questions éthiques et juridiques importantes.

Négligence extrêmement grave des droits de l’enfant

Une telle approche montre le cynisme du lobby de l’adoption et la négligence des droits fondamentaux de l’enfant, notamment son droit à connaître ses origines et à maintenir des liens avec sa culture d’origine.