Lettre ouverte aux adoptés du centre Sfânta Ecaterina à Bucarest : votre droit à la vérité.

par | 21 Sep 2025 | Actualités, Témoignage | 0 commentaires

Vous avez le droit de connaître toute la vérité sur vos origines et les circonstances de votre départ de Roumanie.

Leagănul De Copii Nr. 1, București

Pourquoi cette lettre vous concerne ?

Chers adoptés,

Vous avez le droit de connaître toute la vérité sur vos origines et les circonstances de votre départ de Roumanie.

Cette lettre n’a pas pour but de raviver des blessures, mais de vous donner les moyens de réclamer des réponses, des réparations et une reconnaissance officielle des abus subis. Votre histoire ne doit pas être effacée, et justice doit être rendue pour ceux qui ont souffert dans l’ombre de ces institutions.

La réalité cachée de Sfânta Ecaterina

Le Centre Sfânta Ecaterina à Bucarest, autrefois le plus grand orphelinat de Roumanie, était un point central pour des réseaux organisés qui exploitaient des enfants abandonnés, volés ou manipulés, les plaçant sur un marché lucratif de l’adoption. Sous couvert de missions humanitaires, des agences d’adoption ont dissimulé corruption, trafic humain et exploitation dans la Roumanie post-Ceaușescu. Fondé à l’origine par la famille de la princesse Ecaterina Olympia Caradja-Cantacuzino (1893-1993), le centre est devenu, dans les années 2000, un symbole.

Princesse Ecatrina Caradja

@dosaresecrete-Princesse Ecatrina Caradja

Des études comme le Bucharest Early Intervention Project (BEIP) (1) ont fait la promotion de la désinstutionalisation, tout en soulevant des questions éthiques sur l’utilisation de mineurs comme sujets de recherche. Les méthodes controversées du BEIP, comme la randomisation d’enfants dans des environnements nuisibles, visaient à promouvoir la l’adoption internationale.

L’Ong SERA (Solidarité enfants roumains abandonnés) était l’organisateur du BEIP, comme révélé dans le documentaire allemand « Cherche enfant, paye cash – le lobby de l’adoption ». 2

Malgré ces graves allégations, SERA a été déclarée ONG d’utilité publique par le gouvernement roumain en 2020, et bénéfice des fonds européens.

Une vérité plus sombre : trafic et exploitation

Derrière la façade humanitaire se cache une réalité troublante. Des documents déclassifiés américains suggèrent que la famille Caradja, notamment Alexandra « Tanda », aurait été impliquée des opérations d’intelligence après la guerre. Dans les années 1990, Sfânta Ecaterina est devenu un centre de trafic d’enfants, avec la participation des avocates comme Iliana Bustea (Fondation Irene).

https://www.archives.gov/files/declassification/iscap/pdf/2010-081-umissdoc8.pdf

Extrait document déclassifié par le Interagency Security Classification Appeals Panel (ISCAP)-archives nationales des Etats Unis

Le Musée de l’Abandon : une mémoire sélective ?

La chaîne de mensonges sur les horreurs des orphelinats roumains se perpétue depuis des décennies, transformant la souffrance en un business lucratif pour les acteurs impliqués dans la désinstitutionalisation et les adoptions internationales, comme en témoigne le Muzeul Abandonului (Musée de l’Abandon), lancé en 2021 comme un « musée-forum digital et participatif » prétendant cartographier la culture de l’abandon et offrir un espace de dialogue pour les survivants du système communiste et post-communiste. Cependant, ses liens avec SERA et Hope and Homes for Children Romania, acteurs clés du lobby de la désinstitutionalisation, suscitent des inquiétudes.

Ces groupes sont critiqués pour avoir promu des fermetures d’orphelinats qui ont facilité des adoptions lucratives, tout en ignorant les accusations de corruption et de trafic. Ce récit sélectif risque de blanchir l’histoire, transformant les horreurs du passé en une entreprise rentable pour les mêmes réseaux, désormais déguisés en sauveurs.

Le projet de régénération : guérison ou effacement ?


Aujourd’hui, le projet de régénération urbaine annoncé en 2023 pour transformer l’ancien site en campus avec musée, parc et centres thérapeutiques, géré par la DGASPC,( (Direcția Generală de Asistență Socială și Protecția Copilului), et financé par des fonds européens interroge : est-ce une reconnaissance historique ou une tentative d’effacer le passé, les souffrances et les trafics qui ont marqué votre histoire ? Il est temps d’exiger des enquêtes pour préserver la mémoire et obtenir justice. (3)

Chers adoptés, il est temps d’exiger des enquêtes pour préserver la vérité, les documents nous concernant et obtenir justice.

Votre histoire compte. Assurons-nous qu’elle ne soit ni oubliée ni réécrite.

Marion LE ROY

(1) L’expérimentation BEIP (Bucharest Early Intervention Project), lancée en 2000 par des chercheurs comme l’américain Charles Nelson, est une étude randomisée sur les effets de la privation psychosociale dans ces institutions : elle a comparé des enfants restés en orphelinat (comme ceux du Leagănul Sfânta Ecaterina, rebaptisé sous le communisme) à ceux placés en familles d’accueil, révélant des impacts durables sur le développement cérébral, mais soulevant des critiques éthiques pour avoir maintenu un groupe contrôle en institution, potentiellement prolongeant leur souffrance au nom de la science.

(2)

https://www.youtube.com/watch?v=PCkcT8M0Ew0 : Lettre ouverte aux adoptés du centre Sfânta Ecaterina à Bucarest : votre droit à la vérité.

(3) https://www.g4media.ro/fostul-orfelinat-sfanta-ecaterina-de-la-arcul-de-triumf-proiectat-sa-fie-transformat-prin-regenerare-urbana-intr-un-campus-cu-doua-zone-una-publica-cu-muzeu-si-parc-si-alta-cu-c.html

Leagănul Ecaterinei, un hub socio-educațional modern, printr-un parteneriat public-privat pentru comunitate